Le marché de la frippe

Publié le 20 juin 2022

Dans l’imaginaire collectif, les friperies étaient réservées aux personnes au budget serré. Ce temps est révolu. Le site américain Thred Up publie des statistiques sur l’achat de vêtements de seconde main en 2021. Selon les chiffres, 86% des consommateurs sont ouverts à l’achat de vêtements d’occasion. Ce chiffre est multiplié par deux en cinq ans. En effet, ils n’étaient que 45% en 2016 à être favorables à l’achat de produits d’occasion.

Les fripes : une consommation de plus en plus tendance

Face à l’achat compulsif de nombreux consommateurs, les articles vestimentaires inutilisés inondent notre placard. Rien qu’aux États-Unis, 36 milliards de vêtements sont jetés chaque année. Pourtant, 95% d’entre eux peuvent encore faire l’objet d’un recyclage.

La seconde main prend davantage de place après la pandémie mondiale. Les ménages sont plus enclins à faire de l’épargne. Ce comportement a un impact sur la consommation, notamment sur des postes de dépenses comme les vêtements. Pour réduire leur budget, ils sont nombreux à envisager la seconde main.

Grâce à cette croissance, la friperie intègre le monde éclectique de la Fashion Week. De jeunes créateurs n’hésitent pas à utiliser des vêtements recyclés dans leur collection. Selon les spécialistes, cette pratique existe depuis des années. Cependant, les jeunes tirent le marché vers le haut.

Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène. D’abord, une prise de conscience s’opère dans le monde de la mode. En effet, ce secteur figure parmi les plus polluants. Cette prise de conscience se traduit par un changement du mode de consommation. Une étude menée par l’Institut français de la Mode révèle que le pourcentage de français ayant acheté de la seconde main a doublé entre 2010 et 2018.

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La seconde main : un mode de consommation éco-responsable

Face aux enjeux du réchauffement climatique, les friperies répondent aux exigences de l’économie circulaire. En effet, l’achat de la seconde main correspond à une participation à l’économie circulaire. Cela a donc un impact positif sur notre planète.

Selon les études de Thredup, l’achat de vêtements d’occasion réduit l’émission de C02 et l’utilisation de produits nocifs dans la production de vêtements neufs. En effet, un article d’occasion émet 17,4 fois moins de C02 qu’un vêtement neuf. L’empreinte carbone est réduite à 82% sur un vêtement d’occasion.

L’énergie dépensée n’est pas la même pour les deux types de vêtements. Un vêtement neuf demande 38,8 kWh d’énergie dans son processus de production. De même, un vêtement neuf utilise 70 fois plus d’eau qu’un vêtement d’occasion au cours de sa durée de vie.

La seconde main permet aussi de réaliser de l’économie. La plupart du temps, les friperies proposent un prix nettement inférieur. Un consommateur achète 7 articles d’occasion en moyenne au cours d’une année. Cette consommation déplacée dans l’occasion représente plus de 540 millions de vêtements en 2020.

Durant la dernière décennie, l’achat de vêtements d’occasion a permis aux consommateurs d’économiser plus de 390 milliards de dollars.

Les consommateurs ont économisé 390 milliards de dollars

La seconde main : une alternative face au fast fashion

Ces dernières années, le modèle de la fast-fashion est remis en cause à cause de son impact environnemental. Ce concept apparait pour la première fois dans les années 90 dans des villes comme Londres et New York. À partir des années 2000, les marques de la fast-fashion sont devenues des empires à l’instar de Zara et de H&M.

Dans la fast-fashion, tout se déroule rapidement et à moindre coût. Ce type de marque propose plus de 30 collections par an. À titre de comparaison, une marque classique sort quatre collections par an. C’est pourquoi la fast-fashion est autant décriée.

Par ailleurs, les consommateurs de la fast-fashion sont plus enclins à l’épargne. La pandémie de covid 19 a eu un impact sur le comportement des consommateurs. Selon Thred Up, un consommateur sur 4 se désintéresse des dernières tendances après les périodes de confinement. Cette tendance se manifeste essentiellement chez les jeunes de la génération Z.

Malgré son prix abordable, la fast-fashion est en train de perdre de la place au profit des friperies. En 2010, le placard d’un consommateur est composé à 4% de vêtements d’occasion, à 7% de fast-fahion et à 25% d’entrée de gamme. En dix ans, ces chiffres ont évolué. En effet, les vêtements d’occasion représentent 9% du placard d’un consommateur. De son côté, la fast-fashion stagne à 8%. L’entrée de gamme perd du terrain avec 16%. Cette tendance pourrait se poursuivre à l’horizon 2030. En effet, les spécialistes prévoient une augmentation à 18% des vêtements d’occasion.

L’achat de friperie se déroule sur le net

Conscience environnementale, épargne, achat digital, télétravail, voilà de nouvelles habitudes que les Français ont acquis durant la pandémie de Covid19. En effet, au lendemain des périodes de confinement, l’achat à distance est devenu une habitude. À titre d’exemple, la Fnac Darty enregistre une hausse de 46% de ses ventes en ligne. Selon les experts, cette tendance devrait se poursuivre puisque la population néophyte dans ce domaine a commencé à s’y mettre durant les périodes de confinement.  

Les comportements des consommateurs après la pandémie sont aussi marqués par une prise de conscience des enjeux climatiques. La consommation est désormais guidée par le souci de l’environnement et par le mépris du gaspillage.

Face à l’incertitude de la sécurité de l’emploi, les consommateurs sont prêts à faire des concessions sur plusieurs postes de dépenses. Ils décident de se limiter aux achats essentiels. Parmi les postes de dépenses annulés ou reportés par les consommateurs, les vacances se trouvent en tête de liste. Ensuite, on retrouve les différents abonnements, les produits high-tech, les vêtements, les meubles, etc.

Cette tendance à l’épargne se confirme par la préférence des consommateurs pour les vêtements durables. Selon les chiffres de Thred Up, un consommateur sur trois est plus soucieux de la durabilité après la pandémie.

Les vêtements représentent un poste de dépense non prioritaire pour les ménages. Ils préfèrent allouer ce budget à l’épargne. En effet, un consommateur sur deux préfère rechercher de la valeur après la pandémie.

Le gaspillage est considéré comme l’ennemi de l’épargne et de l’écologie. 51% des consommateurs prennent conscience du danger du gaspillage écologique tandis que 60% s’opposent au gaspillage d’argent.

Selon les études menées par le site américain Thred Up, les mères de famille représentent le profil le plus touché par les évènements sanitaires. Une maman sur deux prévoit de se tourner vers les vêtements d’occasion durant les cinq prochaines années afin d’alléger leur dépense.

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Un engagement plus fort du gouvernement

La mode s’inscrit dans l’initiative du gouvernement sur l’économie circulaire. En septembre 2020, alors que l’économie française est malmenée par la crise sanitaire, le gouvernement lance le plan « France Relance » avec  un budget de 100 milliards d’euros. L’objectif de ce plan consiste à redresser l’économie française de manière durable après la crise sanitaire.

Dans cette optique, l’ADEME s’est vu attribuer une somme de 1,4 milliard d’euros en faveur de la transition verte. Les aides France Relance de l’ADEME reposent sur l’économie circulaire. Elle consiste à prolonger la durée de vie des produits, à promouvoir le réemploi et à encourager la réparation et la réutilisation. Ces actions visent à réduire la production de déchets et à limiter les prélèvements sur les ressources.

Avant ce plan de relance, le gouvernement français a déjà engagé d’autres actions auparavant. Il s’agit des crédits d’impôt en faveur des économies énergétiques, des crédits d’impôt en faveur de l’utilisation des énergies renouvelables, des allègements fiscaux sur les véhicules électriques. La mode circulaire pourrait bien figurer dans ce plan.

L’enquête menée par Thred Up révèle que 53% des marques et des détaillants sont plus enclins à la revente s’ils bénéficiaient d’une aide gouvernementale pour le faire. De leur côté, 44% des consommateurs estiment que le gouvernement pourrait participer davantage à la promotion d’une mode durable. En effet, lorsque les gouvernements abordent le sujet de la crise climatique, ils parlent souvent de l’énergie renouvelable ou des véhicules électriques. Les autorités pensent rarement à la mode. Pourtant, cette industrie produit 10% du carbone mondial. Enfin, 47% des consommateurs sont prêts à acheter des vêtements d’occasion si ces derniers sont exemptés d’impôt.  

Les jeunes sont les plus gros consommateurs

Les jeunes : les plus gros consommateurs des vêtements de seconde main

Si l’on répartit les consommateurs de vêtements de seconde main par catégorie d’âge, c’est la génération Z, c’est-à-dire entre 13 à 18 ans qui consomment le plus de la seconde main. La part des jeunes de la génération Y et Z ne cesse d’augmenter ces dernières années. Selon Thred Up, le pourcentage des consommateurs de la génération Y et Z a doublé en quatre ans. Entre les périodes 2016 et 2020, les acheteurs de friperie de la génération Z sont passés de 21% à 42%.

Une autre étude menée par Piper Sandler auprès de 7 000 adolescents révèle que 47% d’entre eux ont déjà acheté d’occasion. Dans cette catégorie d’âge, elle touche essentiellement les filles que les garçons. En France, ces achats commencent dès les premières années au collège. Cependant, les chiffres révèlent que cette tendance diminue au début des études supérieures.

Quelles sont les réelles motivations des jeunes exactement ? L’achat de vêtements d’occasion répond à des motivations économiques. Cependant, elle est loin d’être la seule. Le comportement des jeunes est aussi motivé par les enjeux environnementaux. Il s’agit d’un geste symbolique, presque politique, ou encore identitaire.

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